Nous y sommes… Que dire? Comment clôturer ce blog qui a été mon carnet de bord pendant ces années de galère? Comment dire au revoir à mes fidèles copinautes qui ont été un soutien sans faille dans les bons jours comme dans les plus sombres?
Mes enfants sont nés! Voici comment ça s’est passé:
Tout a commencé dans la nuit du 15 au 16 juillet. Précisément à 4h30 du matin quand j’ai perdu les eaux dans mon lit. Un petit quart d’heure avant je m’étais assise dans le lit ne trouvant pas le sommeil. Ma chatte était à côté de moi. Je me suis dit que sa réaction était étrange: elle me tournait autour et faisait des pauses pour s’asseoir près de moi et me regarder avec insistance. Je m’étais dit que peut être, elle sentait que les bébés allaient arriver. 4h30, sentant le liquide amniotique couler alors que je m’étais recouchée, je me suis vite levée pour essayer d’épargner au maximum mon lit. Et là… Une rupture franche de la poche des eaux et une quantité incroyable de liquide est tombé au sol. N’osant pas bouger de ma flaque, j’ai réveillé mon homme du bout des doigts. « Chéri… Je perds les eaux mon cœur ». D’un bond il s’est retrouvé hors du lit me disant que nous devions partir. Le temps de rassembler les dernières affaires (la valise étant prête depuis de longues semaines) et nous sommes partis. Dans la voiture nous étions heureux et excités.
Arrivés aux urgences de la maternité nous nous attendions à être pris en charge tout de suite, raté. Une fois ma tension et ma température prises, on nous a envoyé nous installer en salle d’attente pendant de longues minutes. Nous en avons profité pour prévenir nos proches qui ne savaient pas encore que le grand moment était en train de se produire.
Au bout d’une interminable attente, une dame est venue nous chercher pour nous installer dans une salle d’examen du rez-de-chaussée.
Un test urinaire plus tard et je suis installée sur la table d’examen pour un monitoring. J’entends les battements de cœur de mes bébés: réguliers, sereins. J’ai quelques contractions que je sens à peine, le travail n’a pas encore commencé.
Une sage femme arrive, elle porte le même prénom que moi. Elle m’examine: col ouvert à un petit centimètre. Son élève sage femme m’installe une perfusion sur le dessus du poignet. Le travail peut démarrer dans quelques heures mais peut aussi être très long à venir. Une chambre m’est proposée dans le service de maternité pour que nous puissions poser nos affaires et attendre que les contractions commencent. Je perds encore beaucoup de liquide amniotique. A tel point que nous devons attendre quelques minutes avant de réussir à sortir de la salle d’examen.
Nous entrons dans la chambre du 4ème étage en milieu de matinée et un nouveau monitoring est posé à midi. Toujours des contractions mais pas de travail en vue. Ma belle mère et mon irréductible Super Copine arrivent en milieu d’après midi. Nous marchons dans les couloirs, je me lève et m’asseoir, je fais du ballon dans l’espoir que le travail commence enfin. Rien.
Mes visiteurs partent et je m’installe devant mon plateau repas froid que je déguste quand même avec appétit.
A 21h, la sage femme du soir fait sa ronde et me donne deux spasfons pour atténuer les quelques contractions et passer une bonne nuit. Le déclenchement est prévu pour le lendemain matin à 7h après examen par la sage femme de la journée.
Je m’installe donc devant mon iPad avec un épisode de Alias lumière éteinte, et essaye de rattraper quelques heures de sommeil avant le grand jour.
21h20, une contraction un peu plus forte que les autres… 21h40, 22h00… Les contractions s’enchaînent, je me demande si le travail se mettra en route cette nuit. Tout s’accélère vers minuit quand les contractions deviennent vraiment douloureuses et rapprochées. Fière de moi je me dirige vers le bureau de la sage femme à 2h du matin pour lui annoncer que que j’ai contractions douloureuses toutes les dix minutes depuis une heure. A voir mon visage la sage femme me répond qu’il faut attendre encore un peu car les contractions les plus douloureuses ne semblent pas avoir commencé. Elle a raison. Je retourne dans ma chambre, s’en suit une heure de contractions vraiment très douloureuses qui me sortent de mon lit. Je téléphone à mon homme et lui demande de revenir à l’hôpital car le travail commence. La sage femme passe me voir à 3h et me retrouve debout au pied du lit, tétanisée par la douleur. Elle me pose un nouveau monitoring puis m’examine: dilatation à 3 cm, c’est suffisant pour descendre en salle d’accouchement et poser la péridurale. La sage femme m’installe sur une chaise roulante direction le rez-de-chaussée.
Arrivés au rez-de-chaussée, nous sommes pris en main par un jeune sage femme qui me pose un nouveau monitoring. Il nous explique que les anesthésistes sont occupés avec une autre patiente mais qu’ils viendront poser la péridurale dans une demi-heure. S’en suivent trente minutes de douleurs insoutenables, mais je tiens bon. Mon chéri se sent impuissant et essaye de me rassurer comme il peut. Les anesthésistes arrivent, une jeune fille et un homme plutôt enveloppé. Ils sont gentils et doux. Ils me coatchent pour respirer pendant les contractions et posent enfin la péridurale. Dix minutes après c’est le soulagement. Nous éteignons la lumière et essayons de nous assoupir quelques heures. J’en suis à ma deuxième nuit blanche il est environ 7h du matin, ce moment de repos est le bienvenue. Le sage femme nous annonce environ un centimètre de dilatation par heure, nous savons que le chemin sera encore long puisque je suis à environ 3 cm. 7h30, la relève se met en place, le jeune sage femme nous dit au revoir, il regrette de ne pas pouvoir rester jusqu’à l’accouchement. La nouvelle sage femme arrive, elle est adorable. Le courant passe aussitôt entre nous trois. Elle nous explique qu’elle souhaiterait nous offrir l’accouchement dont nous rêvons. Pour ce faire elle nous demande si nous avons des désirs particuliers et nous propose d’utiliser la luminothérapie car la pièce en est équipée. Nous choisissons une ambiance bleutée pour accueillir nos garçons.
Il est environ 9 heures du matin quand la sage femme vient m’examiner à nouveau. Le travail à bien avancé puisque je suis dilatée à 7 cm. Je regarde le monitoring qui dessine des contractions, par chance je ne les sens pas. Nous restons au calme une heure de plus lorsque je ressens l’envie de pousser. Mon chéri appelle la sage femme qui vient m’ausculter: dilatation complète! Nous sommes bien contents. Elle nous explique qu’elle va rassembler l’équipe pour la naissance de nos bébés. Une demi heure plus tard, tout le monde est là: la sage femme et son élève, une élève médecin russe, une interne, un médecin et une puéricultrice. Une équipe 100% féminine. La gentille sage femme nous explique que par mesure de précaution une seconde équipe de médecin et d’anesthésistes attend de l’autre côté de la porte. Tout est en place pour la naissance. Vingt minutes de poussées et nous découvrons enfin le visage de mon premier bébé. Mon homme coupe le cordon, il est ému. La sage femme le dépose sur mon ventre. Quelle sensation magique! Il pousse immédiatement son premier cri. Quelques secondes à peine et il est temps de se remettre au travail pour faire naître son petit frère. Je regarde la puéricultrice s’occuper de de mon fils ainé. Elle lui fait passer ses premiers tests, le fait marcher et lui prodigue les premiers soins. Pendant ce temps les médecins et internes s’activent autour de mon bidon. Le médecin appuie sur mon ventre pour remettre mon deuxième bébé dans l’axe et le faire descendre puis rompt la poche des eaux. Mon grand bébé est langé et la puéricultrice le met dans les bras de Papa. Il est calme.
Ma gentille sage femme se place à côté de ma tête. C’est l’interne qui fait naître mon deuxième fils. Trois poussées sur la première contraction, le médecin s’impatiente et sort la ventouse. Je regarde la sage femme, elle semble agacée par le comportement de sa collègue. Elle m’encourage: « une contraction et il sera avec nous ». Elle a raison: un dernier effort et bébé nait 7 minutes après son frère, avant même que le médecin n’ai pu utiliser sa ventouse. Au moment de couper le cordon, mon homme a toujours son fils dans les bras et me propose de m’en charger. Pourquoi pas, je coupe moi même le cordon de mon second bébé. L’interne le pose sur moi, il est minuscule. Quelques secondes et il pousse lui aussi son premier cri. La puéricultrice pose l’ainé sur mon ventre et s’occupe du petit frère avant de le déposer dans les bras de son père. Nous passons de longues minutes à nous regarder mon mari et moi. Le temps s’arrête malgré l’agitation qui règne toujours autour de nous. De longues minutes ponctuées de je t’aime. Nous l’avons fait, ils sont là. Nos enfants!
Voilà, vous savez tout, presque un mois qu’ils sont là et qu’ils nous comblent de bonheur. Maintenant il est temps pour moi de tirer ma révérence. Pour conclure je voulais adresser un message à celles qui liront ces lignes alors qu’elles attendent toujours. Le chemin est difficile, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Vous aurez des moments de doute et de découragement. Le plus difficile pour nous c’était de penser que malgré nos efforts le succès ne serait pas forcément au bout du chemin. Et pourtant… Même sans y croire nous avons continué le parcours PMA. Même si c’était douloureux et si nous n’arrivions plus à y croire. Cette dernière tentative nous l’avons faite, et même si elle avait échoué nous aurions tenté la quatrième FIV car il restait un petit bout d’espoir. Lorsque 5 ovocytes seulement ont été ponctionnés nous pensions que tout était fichu, et pourtant… Tout cela pour vous dire qu’un tout petit espoir peut suffire. Que quelques rares spermatozoïdes, que quelques embryons peuvent parfois donner le plus beau des cadeaux. Ne lâchez pas. Et prenez soin de vous: préservez votre couple, prenez le temps de vous reposer lorsque les échecs deviennent trop pesants. Je croise tous mes doigts pour que vous réussissiez tous et toutes à connaître la parentalité et vous dire à votre tour: « je l’ai fait ».
Je vous embrasse 1000 fois. Merci pour votre soutien, merci de m’avoir lue, merci pour tous vos témoignages d’affection. N’hésitez pas à continuer de poster vos commentaires ou à m’envoyer des messages que ce soit ici ou sur ma boîte mail (aliceinpmaland@gmail.com) ❤